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Un esprit collectif et frondeur

Ce vignoble, de petite dimension mais empli de richesses - dont des unicums comme le vin jaune, le vin de paille, le clavelin, le macvin, les dzis - est animé d’un fort esprit collectif aux manifestations souvent pionnières, esprit collectif peut-être nourri de la rudesse du climat et surtout de ses aléas, et prompt à se manifester en frondes, en résistances, mais aussi en innovations.

 

L’esprit collectif

L’esprit collectif est ancré dans le Vignoble, surtout au nord. Les dates témoins s’égrènent au fil des siècles, mettant en application le proverbe Quand t'sétion s'éd' nion n'se crév' !
(Quand chacun s'aide personne ne se crève) et les illustrations sont nombreuses de cette fibre collective d’entraide, de solidarité, de secours mutuel, un esprit proche du blason d’Arbois, de son pélican et de sa devise « Sic his quos diligo » (Ainsi je fais pour ceux que j'aime).

 

Les premières traces en sont la naissance de la confrérie de saint Vernier en 1627, et, en 1628-1629, le système d’aide apporté par la commune d’Arbois aux vignerons pour des mauvaises récoltes. Ont suivi, par exemple, la naissance des confréries de saint Vernier en 1627 et de Mesnay en 1640 ; la création de la Société de viticulture d’Arbois en 1858 ; celles de diverses sociétés d’entraide et des comices agricoles… Et, comme le montre le Biou, apparu en 1665, ou la Percée du Vin Jaune créée en 1997, les événements festifs sont aussi de forts rituels collectifs.

 

Le vignoble se montre à ce titre pionnier. Le premier syndicat agricole de France, né dans la foulée de la loi Waldeck-Rousseau de 1884, est celui de Poligny. Le Syndicat des vignerons d’Arbois est créé en 1903. Le mouvement coopératif est également un des tout premiers de France : la Fruitière Vinicole d’Arbois est créée en janvier 1906 ; suivront celles de Poligny (1907), de Pupillin (1909) et de L’Étoile (1912). Ces coopératives apparaissent au moment de la séparation de l’Église et de l’État, et il y avait dans certains villages deux coopératives, laïque et catholique (comme à Château-Chalon).

 

Ce mouvement coopératif est inspiré des fruitières fromagères (apparues au XIIIe siècle), et de la pensée des saint-simoniens et des fouriéristes, dont certains étaient franc-comtois, comme Charles Fourier lui-même, Victor Considérant, Wladimir Gagneur et l’inventeur des allumettes phosphoriques à friction Charles Sauria. Les idées de Proudhon (Franc-Comtois lui-aussi) sont également présentes, comme le révèle dans une lettre d’octobre 1850, non sans humour, un vigneron de Montigny : « Je viens vous proposer le sistème Proudhon, la banque d’échange, c’est à dire j’ai besoin de marchandise, si vous avez besoin de vendange, j’en ai de la bonne... ».

 

Cet esprit collectif se marque par d’autres réalisations concrètes comme les cours de greffage (levier important de sélection et de qualité) organisés suite au phylloxéra, mais aussi par les obtentions des appellations d’origine contrôlée (ici aussi pionnières avec Arbois). Il s’est manifesté au XXe siècle avec la renaissance de confréries, plus ou moins folkloriques, se substituant aux confréries religieuses : Commanderie des Nobles Vins du Jura et du Comté (1966, Lons-le-Saunier) ; Confrérie de Bacchus (1968, Montigny-les-Arsures) ; Confrérie de Saint-Vernier (1982, Château-Chalon) ; Association du Dzi (1989, Montigny-les-Arsures) ; Confrérie du Royal Vin Jaune (1989, Arbois) ; Confrérie de la poularde aux morilles et au vin jaune (1995, Les Planches Près-Arbois).

 

Fêtes et traditions

Outre les fêtes du Biou, le vignoble jurassien nourrit un certain nombre de fêtes, dont la plus récente est la Percée du Vin Jaune.
Les repas de fin de vendanges sont appelés les tue-chats, ou, dans le sud-Revermont les tue-chiens ou tue-chins.
Les saints du vignoble sont multiples. Outre saint Vincent (Arlay) et saint Vernier (dont on trouve des statues ou des tableaux à Buvilly, Conliège, à la collégiale Saint-Hippolyte de Poligny, on fête saint Lothain, saint Just (à Arbois), saint Isidore (venu d’Espagne, patron des laboureurs) à Château-Chalon, saint Claude, saint Marc…

 

Saint Isidore, Château-Chalon

 

Il a été avancé que l’église saint-Désiré à Lons-le-Saunier a remplacé « un édifice consacré à Bacchus. L'usage constant d'orner la châsse du saint évêque de feuilles de pampre et de raisins, le privilège revendiqué par les vignerons, de porter cette châsse dans les processions publiques, les cérémonies singulières qui se pratiquaient le jour de la fête patronale, appuient fortement cette opinion. »


Dans le sud-Revermont, on fête la Saint-Martin à La Caborde d’Orbagna. Célébrée originellement le 11 novembre, elle marquait naguère le temps de la fin des baux de fermage.


Les Noëls et les Crèches, spectacles traditionnels bisontins en patois, se sont répandus dans le Jura. La Crèche d’Arbois s’est jouée tous les 4 ans entre 1866 et 1950. Elle met en scène, devant la crèche, le vigneron Barbizier et son épouse la Naitoure ainsi que toutes les catégories sociales venant présenter leurs doléances.

 

L'esprit de résistance

Découlant bien sûr d’un fort esprit collectif, l’esprit frondeur, résistant, du vignoble se révèle lors de divers moments-clés de l’histoire. Au XIXe siècle, les mouvements vignerons s’en prennent aux « rats de cave », aux « gros rongeurs » (les impôts) ! Le mot de 1830 « No sin tou tsefs ! » est resté dans les mémoires. Comme le dit la Crèche d’Arbois, « le patois d’Arbois ne va pas à plat-ventre ».


Au début du XXe siècle, entre 1905 et 1907, hausses d’impôts et concurrence des vins du Midi entraînent un mouvement mené par Alexis Arpin, et tout au long du siècle s’égrèneront les combats pour « la liberté de l’alambic ».

 

 

 

 

 

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